Excellent commentaire d'un superbe ouvrage. L'écriture d'Anselme est en effet d'une poésie poignante. Un récit proprement in-oubliable par qui a pris le risque d'une lecture intérieure et intime.
L'ouvrage de Mathilde Arrigoni est effectivement un texte très fort. Exceptionnel même, d'un point de vue littéraire aussi bien que psychologique. Il met en abimes, avec une remarquable qualité de forme, l'expérience inouïe d'un effondrement intérieur qui donne le vertige au lecteur. Le personnage d'Anselme me semble moins un "amoureux déçu" (Annie Forest) qu'un être ravagé par l'abandon (ou/et le sentiment de l'abandon) ; une expérience intime dont l'intensité, superbement mise en mots dans les "Lettres à Rachel", plonge néanmoins ses racines ailleurs que dans un simple échec relationnel. Pour Anselme, l'enjeu est existentiel. Il est celui de sa réconciliation avec le monde, comme le montrent, au-delà des affres de la création, les souffrances inouïes qui accompagnent ses tentatives d'un retour à la communion humaine.
Un mot encore. Je ne suis pas sûr que le terme de roman soit le plus approprié pour situer le genre littéraire de ce si beau texte. Sauf à le rabattre sur l'adjectif "romancé" pour dire la part de fiction qui s'inscrit dans la narration d'une expérience vraie. Je préfèrerais le terme de récit. (J'aime le timbre et la sobriété de ce mot...). Si, ce que je souhaite à l'auteur, elle persiste dans une activité de romancière, elle doit affronter le redoutable défi de la "seconde oeuvre". Pour son prochain ouvrage, un zeste de scénarisation, la création de plusieurs personnages crédibles, me paraissent des pistes utiles à envisager. Mais j'ai conscience ce de n'avoir vraiment aucun titre à donner des conseils à un écrivain de cette qualité. Et d'avance, je m'en excuse auprès d'elle.
En lisant Faulkner (le Bruit et la fureur) je découvre une forte parenté d'écriture entre certains chapitres de son livre et l'ouvrage de Mathilde : phrases demeurées en suspens, pages sans ponctuation, incertitudes sur le narrateur réel à certains moments cruciaux. Tout cela ne suggère pas du tout une imitation servile mais une filiation stylistique aux effets poétiques intacts.
4 commentaires
Excellent commentaire d'un superbe ouvrage. L'écriture d'Anselme est en effet d'une poésie poignante. Un récit proprement in-oubliable par qui a pris le risque d'une lecture intérieure et intime.
L'ouvrage de Mathilde Arrigoni est effectivement un texte très fort. Exceptionnel même, d'un point de vue littéraire aussi bien que psychologique. Il met en abimes, avec une remarquable qualité de forme, l'expérience inouïe d'un effondrement intérieur qui donne le vertige au lecteur. Le personnage d'Anselme me semble moins un "amoureux déçu" (Annie Forest) qu'un être ravagé par l'abandon (ou/et le sentiment de l'abandon) ; une expérience intime dont l'intensité, superbement mise en mots dans les "Lettres à Rachel", plonge néanmoins ses racines ailleurs que dans un simple échec relationnel. Pour Anselme, l'enjeu est existentiel. Il est celui de sa réconciliation avec le monde, comme le montrent, au-delà des affres de la création, les souffrances inouïes qui accompagnent ses tentatives d'un retour à la communion humaine.
Un mot encore. Je ne suis pas sûr que le terme de roman soit le plus approprié pour situer le genre littéraire de ce si beau texte. Sauf à le rabattre sur l'adjectif "romancé" pour dire la part de fiction qui s'inscrit dans la narration d'une expérience vraie. Je préfèrerais le terme de récit. (J'aime le timbre et la sobriété de ce mot...). Si, ce que je souhaite à l'auteur, elle persiste dans une activité de romancière, elle doit affronter le redoutable défi de la "seconde oeuvre". Pour son prochain ouvrage, un zeste de scénarisation, la création de plusieurs personnages crédibles, me paraissent des pistes utiles à envisager. Mais j'ai conscience ce de n'avoir vraiment aucun titre à donner des conseils à un écrivain de cette qualité. Et d'avance, je m'en excuse auprès d'elle.
En lisant Faulkner (le Bruit et la fureur) je découvre une forte parenté d'écriture entre certains chapitres de son livre et l'ouvrage de Mathilde : phrases demeurées en suspens, pages sans ponctuation, incertitudes sur le narrateur réel à certains moments cruciaux. Tout cela ne suggère pas du tout une imitation servile mais une filiation stylistique aux effets poétiques intacts.
Bonjour,
Avec beaucoup de retard, je vous remercie pour vos analyses intéressantes, pertinentes et riches.
Les commentaires sont fermés.